
L'éthologie sur le cochon d’Inde

1. Introduction
Le cochon d’Inde (Cavia porcellus) n’est pas une peluche ni un jouet. C’est un animal proie, dont les comportements sont hérités de ses ancêtres sauvages (Cavia aperea).
Comprendre son éthologie (science du comportement animal) permet de mieux répondre à ses besoins réels et d’éviter les erreurs fréquentes : isolement, cage, manipulations excessives, exposition publique.
2. Vie sociale
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Espèce grégaire : besoin vital de congénères.
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Pas de hiérarchie stricte : relations sociales fluides et tolérantes.
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Importance du groupe : un cochon d’Inde seul développe stress, apathie et troubles du comportement.
📚 Référence : Sachser (1998) → Les cochons d’Inde domestiques ont une organisation sociale souple et pacifique, sans dominance stable.
3. Néophobie (peur du changement)
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Très méfiant face aux nouveautés (aliments, environnements, humains).
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Stratégie de survie héritée de l’espèce sauvage.
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Les introductions doivent être progressives.
📚 Référence : Galef (1990) → La néophobie alimentaire est un trait persistant, protecteur contre les intoxications.
4. Haptophobie (sensibilité au contact)
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Pas un animal de portage.
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Être pris dans les bras = stress → freezing (immobilité de peur).
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Le contact doit être choisi par l’animal.
📚 Référence : Hennessy et al. (2006) → Les manipulations forcées augmentent le cortisol, indicateur de stress.
5. Communication
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Vocalisations :
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“wheek” → appel nourriture,
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“purr” → contentement ou agacement selon contexte,
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cris stridents → peur ou douleur.
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Langage corporel : popcorning (joie), freezing (peur), marquage olfactif.
📚 Référence : Berryman (1976) → Plus de 11 vocalisations distinctes décrites chez le cobaye.
6. Sensibilité environnementale
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Besoin d’espace : la cage est inadaptée.
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Enrichissement nécessaire (foin, cachettes, tunnels, exploration).
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Sensibilité aux bruits et aux manipulations répétées.
📚 Référence : McBride & Parker (2015) → Les environnements enrichis diminuent les comportements de peur et favorisent l’exploration.
7. Le besoin de se cacher
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Se cacher = comportement normal d’animal proie.
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Plus il a de cachettes, plus il sortira sereinement.
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Absence d’abris = stress permanent.
📚 Référence : Sachser (1998) & McBride (2015) → Le besoin de cachettes est un trait fondamental, hérité de Cavia aperea.
8. Rythme de vie et sommeil
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Ni nocturne ni diurne → rythme polyphasique.
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Alternance de phases d’activité et micro-siestes.
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Sommeil souvent les yeux entrouverts → vigilance.
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9. Exploration et curiosité
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Explore par “trajets sécurisés”.
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L’exploration augmente dans un environnement stable et enrichi.
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Le changement brutal freine ses comportements exploratoires.
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10. Mémoire et apprentissage
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Excellente mémoire spatiale (trajets, cachettes, zones de nourriture).
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Reconnaît la voix et les routines de son gardien.
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Apprentissage par conditionnement (ex. bruit du frigo = repas).
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11. Perception sensorielle
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Vue : champ visuel très large, mais peu précise.
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Ouïe : fine, sensible aux ultrasons.
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Odorat : clé pour la reconnaissance sociale et alimentaire.
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12. Interactions sociales et affiliatives
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Proximité recherchée (repos côte à côte).
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Courses, popcorning, imitation chez les jeunes.
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Relations apaisées quand les besoins sont respectés.
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13. Stress et coping
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Réponses immédiates : fuite, freezing, cris stridents.
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Stress chronique : baisse immunitaire, stéréotypies.
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Le groupe agit comme “tampon” anti-stress (social buffering).
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📚 Référence : Hennessy et al. (2006) → La présence de congénères réduit la réponse au stress.
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14. Stéréotypies (signes de mal-être)
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Exemples : rongeage des barreaux, déplacements en boucle, automutilation.
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Jamais naturels → indicateurs de souffrance psychologique.
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Souvent causés par isolement, ennui, espace restreint.
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📚 Référence : Sachser (1998) → Les conditions de captivité restrictives favorisent les stéréotypies et modifient le comportement social.
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15. Relations avec l’humain
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Peur initiale normale → habituation progressive.
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Reconnaissance des voix et routines.
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Confiance par choix et respect, jamais par contrainte.
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16. Caecotrophie et alimentation comportementale
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Produit des caecotrophes (crottes spéciales riches en vitamines), qu’il réingère.
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Comportement vital et normal.
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Recherche active de nourriture (fouiller, grignoter du foin).
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17. Santé et comportements indicateurs
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Douleur = isolement, immobilité, baisse d’activité.
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Signes subtils : perte d’appétit, repli dans un coin.
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Observation éthologique = outil de détection précoce des maladies.
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18. Domestication et différences avec l’espèce sauvage
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Ancêtres (Cavia aperea) : plus actifs, plus hiérarchisés.
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Domestiques (Cavia porcellus) : plus tolérants, plus dépendants de l’humain.
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Mais la nature de proie reste intacte.
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📌 FAQ complète
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Pourquoi il fuit quand j’approche ? → Réflexe normal d’animal proie.
Pourquoi il reste caché tout le temps ? → Besoin vital, sécurité. Plus de cachettes = plus de sorties.
Pourquoi il ne bouge pas dans les bras ? → Freezing (peur), pas détente.
Pourquoi il refuse les nouveaux aliments ? → Néophobie alimentaire.
Pourquoi il ronge les barreaux ? → Stéréotypie, signe de mal-être.
Puis-je en avoir un seul ? → Non, c’est une espèce grégaire.
Pourquoi il crie quand j’ouvre le frigo ? → Conditionnement sonore.
Pourquoi il grince des dents ? → Avertissement / irritation.
Pourquoi il grignote ses crottes ? → Caecotrophie, recyclage de nutriments.
Pourquoi il “ronronne” ? → Contentement ou agacement, selon le contexte.
Pourquoi il ne dort jamais ? → Il dort en micro-siestes, souvent yeux ouverts.
Pourquoi il vibre quand je le caresse ? → Douce vibration = plaisir ; vibration sèche = agacement.
Pourquoi il tourne en rond ? → Stéréotypie liée au stress.
Est-ce qu’il peut faire de la médiation animale ? → Non, car manipulations + bruit = stress chronique.
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📚 Références principales
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Berryman, J. C. (1976). Guinea-pig vocalizations: their structure, context and use in social interactions. Behaviour.
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Galef, B. G. (1990). Tradition in animals: field observations and laboratory analyses. Behavioral and Brain Sciences.
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Hennessy, M. B., Kaiser, S., & Sachser, N. (2006). Social buffering of the stress response: diversity, mechanisms, and functions. Frontiers in Neuroendocrinology.
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Mayer, C., Hoby, S., et al. (2025). Guinea Pig Welfare: Associations Between Husbandry Practices, Human-Animal Interactions and Animal Behaviour. Animals.
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McBride, E. A., & Parker, M. (2015). The effects of enrichment on fear and exploratory behaviour in guinea pigs. Applied Animal Behaviour Science.
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Sachser, N. (1998). Of domestic and wild guinea pigs: Studies in sociophysiology, domestication, and social evolution. Naturwissenschaften.